Le visiteur charmé pouvait admirer, revêtus bien entendu de leur costume traditionnel, plus de 300 paysans et paysannes, fromagers, pâtres, ouvriers, artisans, sculpteurs sur bois, vanniers, tisseurs, brodeuses et dentellières vaquant à leurs occupations comme à la maison. On n’avait pas lésiné sur les détails puisque le tout était paré de pâturages, de rochers ainsi que d’un lac et d’une cascade. Instants émouvants assurés que ce retour aux sources pour l’imposante communauté suisse de Paris et pour tous les Parisiens nostalgiques des campagnes d’antan sur fond de massif alpin sublimé. Le village disparut comme prévu à la fin de !’Exposition Universelle. Pour se faire une petite idée de ce village, il faut se rendre au parc d’attractions d’Europa-Park à Rüst en Allemagne où un hameau valaisan a été transporté dans le secteur suisse et remonté dans un esprit proche•
Pour mémoire, rappelons que Louis-Jules Allemand est un architecte paysagiste suisse décédé à Genève en décembre 1916. Il est l’auteur, seul ou en collaboration avec – d’autres architectes paysagistes comme Henry Correvon (le jardin alpin de l’exposition de 1896) ou Charles Henneberg, de plusieurs projets publics et privés, parmi lesquels le Jardin anglais à Genève (1895), les rocailles du jardin botanique de Genève dans le parc de I’Ariana (1904), le jardin alpin du baron de Rothschild à Pregny Chambésy, le parc du jardin impérial de Gland de la famille Bonaparte, sans oublier le Jardin botanique alpin de la Jaysinia au dessus du village de Samoëns (1905-1906) en Haute-Savoie. Ce dernier rassemble des spécimens de la flore des cinq continents, qu’admirent chaque année plusieurs dizaines de milliers de visiteurs déambulant le long des cascades, mares, ruisseaux, lapiaz, rochers, hautes futaies, prairies, sentiers escarpés et allées tranquilles. Aujourd’hui, sous la tutelle du Muséum d’histoire naturelle de Paris, le jardin est doté d’un laboratoire, siège du GRIFEM (Groupe · de recherche et d’information sur la faune dans les écosystèmes de montagne), où s’effectuent de nombreuses recherches.
L’Exposition universelle de 1900 a été la grande exposition du folklore. À travers nos paysans et paysannes, nous étions tous en somme des « nègres blancs » », ironise l’historien franco-suisse Pascal Payen-Appenzeller, lequel ajoute : « le village suisse a connu un très grand succès. Il faut dire que la Suisse était très à la mode depuis Napoléon Ill et l’architecte Davioud, qui intégrait le chalet suisse à sa théorie de l’architecture pittoresque on en a toujours un au Bois de Boulogne. Le Village suisse témoigne donc aussi de l’architecture de la « nouvelle ville-jardin » telle que Napoléon Ill l’avait envisagée » L’authentique chalet suisse, dont il est question ici, construit par Seiler aux environs de Berne avait été remonté au début du Second Empire, sur une des deux îles. C’est l’actuel restaurant « Le Chalet des îles ».